L’Europe
politique après le Brexit
- 25 juin 2016
- Par Georges Contogeorgis
- Blog : Le blog de Georges Contogeorgis
Georges Contogeorgis, professeur de science politique à l'université
Panteion d'Athènes et ancien ministre grec, tire les premières leçons du
référendum britannique. A ses yeux, l'avenir va dépendre de la capacité de
l'Allemagne à surmonter sa prétention hégémonique.
· Le Brexit n’est pas un événement
isolé. Il est intimement lié aux changements intervenus dans les rapports des
forces au niveau de l’Europe politique qui a aboutit à l’imposition
incontestable de l’hégémonie Allemande. La gestion de la crise grecque a été
l’effet de l’institutionnalisation de l’intérêt des marchés comme finalité des
politiques de l’Union ; et non pas un événement lié à la particularité de ce
pays. La Grèce a été détruite par décision car on savait bien que si on réussit
là aucun autre pay s n’osera pas contredire à la volonté de l’hégémon.
J’avais remarqué à plusieurs reprises que le problème de l’Europe est
l’Allemagne et essentiellement le fait que ce pays n’a pas conscience des
limites de la force (par exemple ici). De ce fait il n’a pas le sens du compromis. Ayant brutalement abusé de
sa puissance, il n’a pas donné le temps nécessaire aux pays européens
d’absorber sa volonté de puissance. En plus elle a méprisé la volonté des
sociétés qui, plus que jamais, se sentirent mis à l’écart, toute autant que
leurs intérêts de la politique de l’Union. Schaüble l’a déclaré à plusieurs
reprises : les pays membres doivent s’incliner devant l’intérêt des
marchés qui est exprimé authentiquement par la volonté Allemande. Ayant choisit
la Grèce comme “Cheval de Troie” pour assiéger l’Europe a misé sur un
mauvais cheval. J’ai déjà noté dans ces colonnes que la Grèce avait par son soubassement anthropocentrique une volonté de
résistance sans mesure, et de ce fait la capacité de maintenir “ouvert” le
problème, voire de l’exporter.
L’avenir de l’Europe politique est largement entre les mains de l’Allemagne
et de ses alliés. Si elle ne tourne pas la page en tirant les conséquences,
elle va entrainer l’Union à l’introversion et son rêve d’hégémonie à l’échec.
Il est fort probable qu’elle ne tirera pas cette leçon, si bien que l’Europe
risque, d’un espace de liberté et de prospérité, de devenir un club des prêts à
s’incliner devant le souverain. Dans ce cadre, il s’agit de savoir si des pays
comme la France se chargeront du devoir de former un noyau dur, seul capable de
s’opposer à la volonté de puissance Allemande, avant qu’il ne soit trop tard.
Désormais, l’approfondissement de l’Europe s’oppose à la concentration des
pouvoirs entre les mains de ceux (Bruxelles et les Conseils) qui ne jouissent
même pas d’une légitimité populaire. Plus que jamais, il est indispensable que
le système européen soit institutionnellement lié à l’intérêt, voire à la
volonté de la société des citoyens. En dernière analyse, la transformation de
l’Europe politique d’un simple système politique régit par le rapport des
forces entre les pays membres, en supra-État dont le système politique sera
destiné à tenir compte la volonté des sociétés, et par voie de conséquence à
servir leur finalité, est une condition indispensable pour que l’Union se
tourne vers l’avenir. Autrement, la dynamique centrifuge déclenché par la résistance
grecque et ouverte par le référendum britannique, va s’accélérer. Avec pour
résultat une Europe qu’on ne reconnaitra plus comme nôtre.
- 25 juin 2016
- Par Georges Contogeorgis
- Blog : Le blog de Georges Contogeorgis
- les commentaires
- 25/06/2016 15:38
- Par philippe pierpont
Analyse que je partage totalement. L'Allemagne porte la responsabilité des
choix politiques de l'union par sa position dominante et je pense sincèrement
que cela a pesé dans la décision des britaniques de quitter cette union. Ce qui
s'est passé en Grèce a marqué durablement les esprits et provoqué la montée des
nationalismes comme un peu partout. La France quand à elle est à genou pour des
raisons évidentes de mauvaises gestions politiques et industrielles conduites
par des gens compromis et au service de la rente actionnariale qui n'ont cessé
de dévaloriser son modèle social comme on le voit encore aujourd'hui avec le
gouvernement Valls et sa loi travail. Dévalorisation constante et
culpabilisante en comparaison des exemples anglais dans un premier temps dont
on mesure aujourd'hui combien il était fondé et ensuite à
celui justement de de l'Allemagne qu'on découvrira tout aussi malsain
dans quelques temps. Vous aurez compris qu'il n'y a rien à attendre de Hollande
qui restera le plus grand gâchis de la 5ème république et malheureusement, les
chances de voir un Mélenchon, seul pour l'instant capable de ranimer les
principes fondateurs de la république et de créer une nouvelle constitution
sont loin d'être au rendez-vous pour des raisons qui ne dépassent pas le simple
"j'aime-j'aime-pas" sur sa personnalité. Cette gauche ira jusqu'à la
catastrophe Le Pen plutôt que de considérer l'intérêt général dans son réflexe
d'amant toujours trompé, qui jure que jamais on ne l'y reprendra plus et qui
campe sur son quand à soi plutôt que de prendre le risque de voir ses cornes de
cocu s'agrandir. C'est aussi la deuxième responsabilité définie par la
vassalisation consentie par les élites de ce pays, trahissant son âme pour un
intérêt à court terme, accoutumé comme un junky à sa dope au bien-faits d'une
monnaie spéculative inespérée pour la réalité de son économie.
- 25/06/2016 16:32
- Par Danyves
*****
- 25/06/2016 18:53
- Par Annie Madarasz-Bauchet
Je suis tout à fait d'accord avec cette analyse sauf une réserve.
Je cite: "Avec pour résultat une Europe qu'on ne reconnaîtra plus
comme nôtre".
Pourquoi conjuguer au furtur? Pour des millions d' Européens, cette Europe
n'est plus la leur (la nôtre)!
Nos très coûteuses élites politiques françaises et européennes préféreront
toujours la droite extrême ou l'extrême droite que le bien être des classes
populaires.
- 25/06/2016 19:25
- Par B. Girard en réponse au commentaire de Annie Madarasz-Bauchet le 25 juin 2016
Et pourquoi faudrait-il que la France soit « la nôtre » ? Ce
n’est pas la mienne en tout cas.
- 25/06/2016 19:23
- Par B. Girard
Ainsi donc, voilà la source de tous nos maux : l’Allemagne. Le
problème de la France, ce n’est évidemment pas d’être dirigé par
Hollande-Valls, non, le problème, c’est Merkel. Bref, c’est toujours la faute
aux autres.
- 25/06/2016 20:07
- Par stamata en réponse au commentaire de B. Girard le 25 juin 2016
L'auteur du billet est Grec. Il n'a aucune raison de se positionner par
rapport au cas français. Son propos est parfaitement pertinent.
- 26/06/2016 00:33
- Par RienNeVaPlus
Nous ne sommes pas encore "après le Brexit".
Il y a une pression immense outre-manche dans les médias, dans les milieux de la finance, et chez les politiques en faveur d'un nouveau référendum.
Il faut d'autre part, que le parlement Gb entétine ce vote, et ce ne sera pas forcément le cas, beaucoup de MP s'apprêtent à ne pas tenir compte des résultats du référendum.
Il y a une pression immense outre-manche dans les médias, dans les milieux de la finance, et chez les politiques en faveur d'un nouveau référendum.
Il faut d'autre part, que le parlement Gb entétine ce vote, et ce ne sera pas forcément le cas, beaucoup de MP s'apprêtent à ne pas tenir compte des résultats du référendum.
- 26/06/2016 08:14
- Par malinalco en réponse au commentaire de RienNeVaPlus le 26 juin 2016
Entendu ce matin sur France Inter, une
partie des Londoniens demande à être indépendante du Royaume "Uni" ; on
hésite, est-ce un extrait de Ubu roi ou d'En attendant Godot ? Je dois avouer que cette nouvelle m'a amusée. La city a visiblement chaud aux fesses : citexit !
- 26/06/2016 09:23
- Par Jean Bachèlerie
le problème allemand est double: d'une
part- c'est un peuple vieillissant, d'autre part les élites allemandes
sont sous influence. Soumission aux multinationales et à
l'administration américaine.
Le peuple allemand est plutôt antiaméricain. Les politiques d'austérité bouleversent la société allemande, elles ont créé une nouvelle pauvreté de masse.
La sociale démocratie est en faillite. A court terme l'avenir est sombre.
Si un noyau dur de pays européens proposaient une autre politique: primat de la démocratie, rupture avec la financiarisation, changement de valeur: solidarité remploacerait concurrence, rupture avec l'OTAN, une politique d'alliance avec la Russie, une grande partie de la population allemande suivrait.
Le peuple allemand est plutôt antiaméricain. Les politiques d'austérité bouleversent la société allemande, elles ont créé une nouvelle pauvreté de masse.
La sociale démocratie est en faillite. A court terme l'avenir est sombre.
Si un noyau dur de pays européens proposaient une autre politique: primat de la démocratie, rupture avec la financiarisation, changement de valeur: solidarité remploacerait concurrence, rupture avec l'OTAN, une politique d'alliance avec la Russie, une grande partie de la population allemande suivrait.
- 26/06/2016 09:25
- Par BRUNO DELANNAY
Mémoire et réalité des actes - Un fait depuis bien des décennies:
Certains pays, certains politiques, certaines familles avec des liens ont une idéologie politique qu'ils font perdurer, qu'ils imposent, dictent à l'Europe; une doctrine nocive, qui nie la vie elle-même depuis des décennies (beaucoup furent démasqués, malheureusement des traîtres les ont blanchis et leurs ont donnés le pouvoir).
Les citoyens, les politiques, avec une conscience et une éthique, au lieu de leur obéir aveuglément aujourd'hui feraient bien de les rejeter, de les mettre en lumière et de les faire condamner (tous ceux qui soutiennent ouvertement ou officieusement ces criminels: ils sont et seront toujours coupables, le monde le sait et ne l'oubliera pas - ils pensent que leur pouvoir peut effacer la mémoire collective, ils ont un esprit trop étriqué pour comprendre que cela est impossible).
Un peu de cran et de respect...
Certains pays, certains politiques, certaines familles avec des liens ont une idéologie politique qu'ils font perdurer, qu'ils imposent, dictent à l'Europe; une doctrine nocive, qui nie la vie elle-même depuis des décennies (beaucoup furent démasqués, malheureusement des traîtres les ont blanchis et leurs ont donnés le pouvoir).
Les citoyens, les politiques, avec une conscience et une éthique, au lieu de leur obéir aveuglément aujourd'hui feraient bien de les rejeter, de les mettre en lumière et de les faire condamner (tous ceux qui soutiennent ouvertement ou officieusement ces criminels: ils sont et seront toujours coupables, le monde le sait et ne l'oubliera pas - ils pensent que leur pouvoir peut effacer la mémoire collective, ils ont un esprit trop étriqué pour comprendre que cela est impossible).
Un peu de cran et de respect...
- 26/06/2016 13:22
- Par gerard gouet
maintenant, il faut sortir nos politiques
de nos vies, tous ceux qui sont responsables depuis des décennies de
cette logique libérale, cette logique qui en fait l'addition du
chomage, du travail précaire, de la misère des sans abris !!!!
Dehors tous ces menteurs qui n'ont que le pouvoir en tête et leur réelection !!!! il faut les arrêter, sinon ils vont aller au bout de leur logique !!!!! et là malheur à nous
Et surtout dénoncer ces médiats que ce soit la TV la Radio, les journaux qui sont la transmission du pouvoir en place .
Pour tout ça, il faut lancer une pétition nationnale dénoncer tout ce pouvoir en place
Dehors tous ces menteurs qui n'ont que le pouvoir en tête et leur réelection !!!! il faut les arrêter, sinon ils vont aller au bout de leur logique !!!!! et là malheur à nous
Et surtout dénoncer ces médiats que ce soit la TV la Radio, les journaux qui sont la transmission du pouvoir en place .
Pour tout ça, il faut lancer une pétition nationnale dénoncer tout ce pouvoir en place
- 26/06/2016 13:37
- Par Bernard Leon
Cette analyse pose, fort justement, les
points sur lesquels l’Europe a échoué et s’échoue. Elle a échoué sur la
démocratie, le social, l’équité envers les peuples. Elle n’a réussi que
sur la paix. C’était suffisant en période de stabilité mondiale qu’était
l’équilibre de la guerre froide. Ce n’est plus le cas aujourd’hui dans
la mondialisation.
L’Europe s’est échouée dans les marais du néolibéralisme où la finance et les multinationales l’ont poussée. Une chose écrite dès ses débuts, comme l’a bien développé le livre de Dardot et Laval, « Ce cauchemar qui n’en finit pas » à La découverte.
Elle s’est échouée dans les pratiques malsaines de ses institutions imparfaites. Arrangements entre pays, règles contraignantes de l’unanimité sur des questions essentielles à résoudre, comme la fiscalité, poids excessif d’une caste de fonctionnaires privilégiés à Bruxelles, etc. Et surtout dans une absence de démocratie au profit d’intérêts privés mondialisés, comme la députée européenne Eva Joly le décrit si clairement en 150 pages de son livre « Le loup dans la bergerie » publié par Les Arènes, ,le loup étant celui qui n’aurait jamais du être placé à la tète de l’Union Européenne, Jean-Claude Juncker. Il est l’homme qui a mis en place au cœur du développement du Luxembourg les turpitudes fiscales qui en ont fait le plus grand paradis fiscal, lequel ne peut figurer sur la liste officielle de ces derniers, puisque cette liste ne prend en compte que les pays non européens.. On pourra donc, peut-être y mettre la City, elle même le cœur d’un réseau de paradis dans le monde. D’ailleurs, Anne Michel vient d’écrire un article dans le Monde du 26 titré : « Londres, futur paradis fiscal en Europe ? ».
Comme l’a écrit Eva Joly avant que le Brexit l’ait emporté « Une autre voie doit être ouverte ».
L’Europe s’est échouée dans les marais du néolibéralisme où la finance et les multinationales l’ont poussée. Une chose écrite dès ses débuts, comme l’a bien développé le livre de Dardot et Laval, « Ce cauchemar qui n’en finit pas » à La découverte.
Elle s’est échouée dans les pratiques malsaines de ses institutions imparfaites. Arrangements entre pays, règles contraignantes de l’unanimité sur des questions essentielles à résoudre, comme la fiscalité, poids excessif d’une caste de fonctionnaires privilégiés à Bruxelles, etc. Et surtout dans une absence de démocratie au profit d’intérêts privés mondialisés, comme la députée européenne Eva Joly le décrit si clairement en 150 pages de son livre « Le loup dans la bergerie » publié par Les Arènes, ,le loup étant celui qui n’aurait jamais du être placé à la tète de l’Union Européenne, Jean-Claude Juncker. Il est l’homme qui a mis en place au cœur du développement du Luxembourg les turpitudes fiscales qui en ont fait le plus grand paradis fiscal, lequel ne peut figurer sur la liste officielle de ces derniers, puisque cette liste ne prend en compte que les pays non européens.. On pourra donc, peut-être y mettre la City, elle même le cœur d’un réseau de paradis dans le monde. D’ailleurs, Anne Michel vient d’écrire un article dans le Monde du 26 titré : « Londres, futur paradis fiscal en Europe ? ».
Comme l’a écrit Eva Joly avant que le Brexit l’ait emporté « Une autre voie doit être ouverte ».
Δεν υπάρχουν σχόλια:
Δημοσίευση σχολίου