Georges Papandréou a remporté les élections par tromperie, en proclamant qu’«il y a(vait) de l’argent» alors qu’il savait parfaitement que le pays était au bord du gouffre après des années de pillage systématique de la richesse publique et de l’État par la classe politique. Pendant plusieurs mois, le Premier ministre n’a rien fait pour empêcher la catastrophe, rendant ainsi inévitable la mise du pays sous la tutelle internationale incarnée par la troïka. Mais qui plus est, durant toute la période qui a suivi et jusqu’à présent, il s’est comporté politiquement en conquérant de la société, transférant sur elle l’ensemble des fardeaux accumulés par la classe politique. Son seul souci était de maintenir intacts les piliers de l’État dynastique et corrompu, les privilèges de la classe politique et de ses alliés. Pendant tout ce laps de temps, non seulement les mesures nécessaires pour réformer l’État n’ont pas été prises, mais la corruption et la fraude fiscale ont augmenté, à la mesure de son favoritisme et de son inefficacité. Il est significatif qu’au lieu d’être réduit, le corpus de lois qui entretient la collusion d’intérêts et la corruption a été renforcé. Même les scandales les plus criants et les plus évidents ont été étouffés. Aucun homme politique n’a été traduit en justice. Le criminel le plus imaginatif n’aurait pu édifier autant de barrières constitutionnelles, juridiques et réelles pour se protéger des conséquences de ses actes que ne l’a fait la classe politique du pays. La société a été érigée en ennemi no 1 de la classe politique. Et la société a fait de cette dernière la cause principale de son malheur. Une classe politique qui ne dispose pas de la moindre légitimation dans la société ne peut représenter le pays.
L’Europe politique a malheureusement choisi de se reposer sur ces dirigeants et de les légitimer dans la gestion de la crise, en portant préjudice à la société grecque et sans calculer qu’elle serait tôt ou tard appelée à en payer le prix. Confrontée aux effets dévastateurs de la crise, complètement asphyxiée, certaine qu’aucune perspective de sortie de la crise ne se profile à l’horizon malgré les sacrifices inouïs auxquels elle a été soumise, la société grecque a fini par former un mélange explosif de comportement agressif contre la classe politique, et surtout contre le gouvernement. Ce dernier a opté de manière provocante pour la ruine du pays, en usurpant le privilège d’une appropriation du bien public qu’il conserve intact jusqu’à ce jour. L’impasse est apparue en pleine lumière lorsque, au moment de la fête nationale du 28 octobre, la société a littéralement viré les hommes politiques des tribunes officielles, y compris le petit homme que la classe politique a porté à la présidence de la république.
La décision de Georges Papandréou de tenir un référendum ne lui a pas été dictée par une quelconque sensibilité démocratique. Elle vise à exercer un chantage sur la société : après l’avoir amenée au bord du gouffre, il menace de la fusiller si elle ne se suicide pas. Et cela dans le but de sauver sa peau.
L’Europe politique doit prendre ses responsabilités, s’allier à la société grecque, l’aider – s’aidant ainsi elle-même – à se débarrasser de la partitocratie dynastique, qui est en discordance avec l’intérêt national – et européen. Elle doit comprendre que la classe politique grecque est la cause première de la crise grecque et que de ce fait, elle constitue aussi dorénavant une «menace systémique» pour la construction européenne et, comme tout tend à le montrer, pour le monde entier.
Si excessif que cela puisse paraître pour les mœurs européennes, il est urgent d’aider la société grecque:
a) en publiant un mandat d’arrêt international contre le Premier ministre et en le traduisant en justice pour le crime qu’il a consciemment commis contre la société grecque et, au-delà, contre l’Europe. La communauté européenne est appelée à faire ce que la Constitution grecque interdit. Cette arrestation aurait un effet exemplaire de catalyseur pour ramener à la sagesse l’ensemble de la classe politique du pays, qui est animée par la même logique de pillage ; b) en choisissant de soutenir la constitution d’un gouvernement de transition dans le pays, composé exclusivement de personnalités non politiques, avec mandat concret de mettre fin à l’État dynastique et de nettoyer le système politique des mafias politiques qui le rongent.
La société grecque, société européenne par tradition et par nature, mérite ce soutien. Pour l’intérêt même de l’Europe politique. D’autant plus que l’opposition de la société à la classe politique et surtout au gouvernement du pays ne signifie pas qu’elle souhaite la faillite, la sortie de l’euro ni, naturellement, de l’Union européenne. C’est l’aventurisme de Georges Papandréou qui la pousse à ce dilemme, et il ne représente pas la société grecque.
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