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Πέμπτη 14 Μαΐου 2009

La Conférence d’Athènes: la gauche n'a jamais eu si peu de choses à dire


Journal quotidien Mediapart.fr


Athènes a accueilli mardi 12 mai, un colloque sur l'«avenir de la social-démocratie en Europe». Georges Contogeorgis, professeur de science politique à l'université Panteion d'Athènes et ancien ministre grec, en tire un bilan sévère.

De grandes personnalités de plusieurs pays se sont réunies au Palais de la musique à Athènes pour exposer leur point de vue sur l'avenir de la sociale-démocratie en Europe. J'ai suivi une partie des travaux sur Internet. J'en ai conclu que la gauche n'a jamais eu si peu de choses à dire sur l'avenir du monde, y compris sur la sortie de la crise financière. Mais le plus grave est que les participants n'ont rien dit qui évoque des idées de gauche.
Ségolène Royal a certes mis en accusation le néo-libéralisme, mais elle n'a pas délimité ce qui sépare le socialisme du système dominant. Faut-il croire que l'appel à la solidarité résume en fait l'essence du socialisme? Faut-il croire que la transition socialiste est une affaire de bonne volonté des differentes classes sociales, y compris de la bourgeoisie? Sans le savoir, elle a montré l'impasse dans laquelle se trouve la gauche: la droite, a-t-elle remarqué, reprend aujourd'hui le discours de la gauche! La vérité est que la gauche a, à tel point, absorbé le discours et l'idéologie libérales qu'elle ne croit plus qu’elles ne soient pas la correction correction de ses idéaux. Elle ne peux plus que rivaliser avec la droite pour prouver qu'elle est la mieux placée pour assurer la gestion du capitalisme néo-liberal et des marchés.
Ceux qui nous ont parlé de l'avenir de la sociale-démocratie, en effet, sont aussi ceux qui nous ont gouvernés dans le passé au nom du socialisme. Pendant près de vingt ans en Grèce, pendant des années en Espagne, en Italie, en France, en Grande-Bretagne, etc. Normalement, après tant d'années de gouvernement socialiste, il devrait rester quelques traces de socialisme. Pourtant, on constate que toutes ces personnalités ont en fait preparé, par leur politique propre, le passage au néo-liberalisme!
J'ai essayé de trouver dans le discours de ces personnalités une réflexion sur ce qu'est, désormais, la social-démocratie, un tout petit projet qui rappelerait l'idéologie socialiste ou en tout cas des mesures qui provoquerait la méfiance des libéraux. Rien.
Ce qui m'a le plus frappé, ce fut l'absence de toute référence à une éventuelle intégration du corps social dans le système politique. Seul Georges Papandreou, dans son discours, a noté que la crise actuelle était le résultat de la rupture de l'équilibre entre «la société des citoyens, le marché et l'Etat» au profit du marché. C'est précisement sur cette base que je développe ma réflexion sur la crise actuelle dans mon dernier livre paru il y a un mois! (voir un chapitre déjà attaché dans mon blog sur Mediapart). En tout cas, il faut une certaine audace pour prétendre que ceux qui ont relégué le socialisme parmi valeurs du XIXe siècle, sont aujourd'hui les mieux placés pour nous montrer la voie socialiste dans l'avenir.
Les participants se sont interrogés sur les raisons pour lesquelles, en 1997, sur les 15 Etats de l'Union européennes, 13 avaient des gouvernements socialistes alors qu'en ce moment il n'en reste que trois parmis ces pays. C'est précisement l'enjeu qui a dominé la conférence d'Athènes : comment convaincre à nouveau la société que la sociale-démocratie saura mieux gérer la sortie de la crise que les liberaux. La question d'un projet alternatif au néo-liberalisme pur n'a pas été soulévée.
Faut-il dire alors que la conférence d'Athènes a échoué? Certainement pas! Le projet de Christos Lambrakis, grand maître des médias en Grèce et coorganisateur du colloque, a entièrement réussi. Son objectif est d'affirmer sa présence dominante dans la vie politique grecque et surtout d'investir et de parier sur un éventuel retour du parti socialiste grec, le Pasok, au pouvoir. On sait bien en Grèce que M. Lambrakis, fort de sa puissance dans les médias, a pris en otage la classe politique grecque, transformant ainsi l'Etat en sponsor de ses projets personnels.
Il domine déjà le monde de la musique en Grèce, et, avec ses initiatives dans le mouvement des idées, il tente d'orienter la vie intellectuelle pour mieux contrôler la vie politique. M. Lambrakis est désormais traité par la classe politique grecque comme l'institution par excellence, située au-dessus de l'Etat. Déjà, pendant la dictature, il avait choisi de continuer à publier ses journaux en circulation, tout en sachant qu'ils seraient soumis à la censure de la junte, alors que le propriétaire du journal libéral Kathimerini avait immédiatement cessé de paraître pour protester contre l'abolition du système parlementaire. C'est aussi dans les journaux de M. Lambrakis que l'ont trouve aujourd'hui l'essentiel des intellectuels grecs qui luttent pour la réduire les résistances idéologiques de la société grecque aux effets de la mondialisation néo-liberale.
De ce point de vue, il est intéressant de remarquer avec quelle précipitation de Ségolène Royal a soutenu l'initiative de M. Lambrakis. Sa façon même de présenter l'événement dans son blog mérite d'etre souligné. D'abord, elle parle de «l'avenir des gauches» tandis que, dans le communiqué grec, il est question de la «sociale-démocratie». Ensuite, sur Désir d'avenir, l'événement est présenté comme une initiative personnelle de M. Lambrakis, ce qui est vrai. Elle souligne même plusieurs fois son nom pour mettre en evidence son rôle. Or, dans le communiqué grec, M. Lambrakis évite justement d'évoquer ouvertement son rôle! Faut-il croire que Mme Royal s'est sentie flattée de la place de partenaire de Georges Papandreou que M. Lambrakis lui avait réservé pour ouvrir la conférence? La question est de savoir si l'expérience socialiste de Mme Royal lui enseigné que les relations intimes des dirigeants politiques avec des médiarques controversés était conforme à l'idéologie et la praxis socialiste.
URL source: http://www.mediapart.fr/club/edition/les-invites-de-mediapart/article/130509/conference-d-athenes-la-gauche-n-jamais-eu-si-p
Links:
[1] http://www.mediapart.fr/club/blog/jnspqd/120509/l-avenir-des-gauches-en-europe-organise-athenes-par-deux-quotidiens-europeen
[2] http://www.mediapart.fr/club/blog/georges-contogeorgis

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